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Le photovoltaïque sur les toits, pas sur les pelouses sèches de Cressia – Acte 2 !

Jura

Ce samedi 27 Septembre, alors que s’ouvre une enquête publique complémentaire pour le projet de parc solaire à Cressia, une vingtaine de personnes venant des 4 coins du Jura se sont à nouveau réunies pour défendre les pelouses sèches de la commune.

En effet, ce parcours communal jusqu’ici pâturé par des chevaux est aujourd’hui menacé par un projet d’implantation de parc photovoltaïque au sol. RWE France (filiale du géant européen de la lignite et du gaz) a choisi cet espace naturel pour y implanter 5,93 ha de panneaux photovoltaïques. Face à cela, les habitant⋅e⋅s et sympathisant⋅e⋅s s’étaient retrouvé⋅e⋅s le 9 février 2025 pour une action naturaliste. Équipé⋅e⋅s de faux, râteaux et faucilles, ils et elles avaient entretenu les zones considérées par RWE comme dégradées et pauvres écologiquement. Or, comme cela a été reconnu par les commissaires enquêteurs lors de l’enquête publique du 24 janvier 2025 au 25 février 2025, l’inventaire de RWE est incomplet. En effet ce milieu abrite déjà une faune et flore diverses et remarquables.

Dans la continuité de l’action du 9 février 2025 et pour poursuivre l’aggradation du milieu, les collectifs de Cressia et Pimorin ont organisé une nouvelle journée d’action similaire. Grâce aux actions, le milieu sera encore plus accueillant. Cela peut autant favoriser la croissance d’orchidées protégées - telle que la délicate Spiranthe d’automne, bien présente sur le site mais non recensée par le bureau d’étude chargé des inventaires naturalistes par RWE, ce qui a d’ailleurs fait l’objet d’une réserve lors de la première enquête publique - que faire s’exprimer des espèces encore non connues sur le site. S’il faut des espèces protégées pour défendre les parcours communaux contre les projets d’implantation de parc photovoltaïque, ouvrons leur la voie !

 

Après un café convivial au cours duquel les collectifs ont pris la parole pour informer les participant⋅es de l’avancée des luttes sur le territoire, c’est sous le soleil que les participant⋅es se sont rendu, à pied, à la pelouse sèche. Les participant⋅es à cette mobilisation ont pu (re)découvrir ces pelouses sèches lors de déambulations naturalistes à la découverte des richesses floristiques et faunistiques de la zone, et continuer le travail d’entretien qui avait été entrepris en février. Le groupe s’est exercé au comptage des Spiranthes et a également pu constater que les hibernaculums façonnés en février ont déjà favorisé la présence de certaines espèces faunistiques. Autour d’un goûter, des équipes de distribution se sont constituées. Objectif : distribuer dans les boites aux lettres des villages environnants un flyer d’information quant à l’enquête publique complémentaire en cours, rédigé par le collectif de Cressia. La journée s’est achevée autour du partage convivial d’une soupe préparée par le collectif.
 
Cette journée d’action a eu lieu au lendemain de l’ouverture de l’enquête publique complémentaire qui se déroule du 26 septembre au 10 octobre. Cette enquête publique exceptionnelle (la première dans le Jura sur ce type de projet !) se déroule suite aux modifications substantielles apportées par RWE à leur projet, qui a été pris en défaut par plusieurs contributions à l’enquête publique sur la sécurité incendie. À ce sujet, on peut se réjouir que le projet de RWE de raser régulièrement près de 5 hectares de boisements privés et publics autour du parc soit abandonné. Mais la décision du SDIS de ne demander aucun coupe-feu autour d’une installation industrielle sur un massif forestier va à rebours de ce qui est exigé dans les régions qui connaissent déjà les conditions climatiques (sécheresses et vagues de canicules à répétitions) que Cressia connaîtra dans les 50 prochaines années. Cela est tant une menace pour la zone, en l’exposant à des risques incendies, qu’un affront fait aux pompiers qui risquent d’être exposés à des incendies ingérables : sans coupe-feu autour d’une telle installation de parc solaire, la forêt peut à la moindre étincelle devenir un brasier géant. Face à un tel manque de précautions, on peut s’interroger s’il n’y aurait pas de quoi expliquer la crise de vocation chez les pompiers volontaires.

La consultation via l’enquête publique ne porte donc que sur ces éléments modifiés. Cependant, face au constat que l’enquête publique précédente a débouché sur un avis favorable rendu par les commissaires enquêteurs alors même que 179 contributions sur 190 exprimaient un désaccord avec le projet, avec des arguments de fond sciemment ignorés par son rapport, il est essentiel que la population continue à se mobiliser pour dénoncer les incohérences sur la totalité des aspects (environnementaux, démocratiques et économiques).
 
Ici comme ailleurs, le Jura est en proie au développement de projets photovoltaïques au sol. Pourtant, les surfaces déjà artificialisées ne manquent pas pour répondre aux besoins énergétiques sans dégrader de nouveaux sites naturels. Ce combat avait déjà été mis en avant lors des précédentes manifestations de "la Forêt Gronde" à Loulle et Mont sur Monnet. À Pimorin, un combat similaire est en cours contre la même entreprise, qui envisage l’implantation d’un parc solaire de 15 ha sur une pelouse sèche. Le permis de construire a été octroyé, mais le collectif mène la bataille juridique. À Crotenay, à l’inverse, c’est la commune, la communauté de communes, les syndicats agricoles et la Chambre d’agriculture et même un parlementaire qui s’opposent à un parc de 8 hectares sur des pâtures (à Comté...), invoquant « une perte de surfaces cultivables [qui] nuit à la sécurité fourragère des élevages laitiers et plus globalement à la sécurité alimentaire ». Ici, la même Chambre d’agriculture se contente de quémander pour redistribuer à l’agroindustrie locale le chèque de « compensation » de 36 219€ signé par RWE alors qu’elle a estimé à 20 391€ de préjudice économique total pour les filières agricoles par an, faisant ainsi cadeau à l’énergéticien de près d’un million d’euros sur 50 ans au détriment des paysannes et paysans.

À Cressia, alors qu’une réelle réflexion démocratique est souhaitée sur les besoins énergétiques et la manière la plus adaptée d’y répondre collectivement, l’enquête publique complémentaire est en cours pour récolter les avis des citoyens et des citoyennes. L’enquête publique prendra fin le 10 octobre. Nous sommes encore moins dupes pour cette seconde enquête, ce n’est pas une concertation, l’objectif est de faire passer ce projet quel que soit l’avis de la population, comme en atteste l’enquête publique de février 2025. Malgré cela, nous invitons le plus grand nombre à contribuer.

Nous n’avons pas élu le conseil pour porter un tel projet, donc nous redemandons à la commune de ne plus s’obstiner et d’abandonner le projet tant qu’il est encore temps, à moins de 6 mois des élections municipales qui permettront nous l’espérons enfin un réel débat démocratique avec le prochain conseil élu !
 
Le collectif de Cressia

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