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La forêt gronde : le photovoltaïque sur nos toits, pas dans nos bois !

Jura

Le 22 et 23 juin, nous défendrons les forêts du plateau de Balerne, entre Loulle et Mont-sur-Monnet (Jura).
Le samedi, balades et actions naturalistes, tables rondes sur la "transition" énergétique et sur les plus de 25 projets de parcs photovoltaïques au sol.
Dimanche, descente symbolique des panneaux photovoltaîques du plateau de Balerne et grande manifestation de Ney à Champagnole.

Depuis mars 2020, Cévennes energy porte un projet de parc photovoltaïque au sol en appâtant les communes rurales de Loulle et Mont-sur-Monnet avec des perspectives de recettes nouvelles. Prospectant d’abord sur 450 hectares de terres, le développeur propose un premier projet de 122 hectares, puis dépose une première demande de permis de construire portant sur 87 hectares, en espérant ainsi installer l’idée qu’il aurait déjà beaucoup réduit ses impacts. Pour créer l’illusion d’un ancrage local, ce projet piloté par une holding depuis le Gard s’appuie aussi sur la Société d’Économie mixte ENR Citoyenne, qui compte parmi ses actionnaires les syndicats intercommunaux d’énergie du Doubs et du Jura et le Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté.

Forêt sur lapiaz dans les environs de Loulle & Mont-Sur-Monnet

Mais voilà, la forêt élance ses racines dans ce plateau karstique caractérisé par ses superbes lapiaz. Déterminée, elle pousse et continuera de pousser, lentement mais sûrement. Elle n’a certes pas les apparences des grandes futaies, les seules qui aient de la valeur aux yeux des scieurs et marchands de bois, mais qu’elle est belle et pleine de vie... Face à ce projet, elle a vite étendu ses branches, déployé ses ailes, montré ses crocs. Les habitant⋅e⋅s, les chasseurs, les écolos, les naturalistes lui ont donné de la voix en s’organisant, en partageant les informations sur le projet, en faisant découvrir la richesse de cet espace naturel que certains voudraient raser et couvrir d’acier, d’aluminium et de silicium.

Il y a un an à l’invitation des Naturalistes des Terres et à l’appel de nombreuses associations locales et départementales, 200 personnes ont découvert les lieux. Elles ont tissé un lien nouveau avec cette forêt, sur les traces des lynx et des chats forestiers, à la recherche des interstices qui abritent 14 espèces de chauves souris, dans les frondaisons qui servent de refuge aux gélinottes et chouettes chevêchettes. Le développeur et les collectivités jugent cette forêt « improductive ». Pourtant l’évidence s’impose : un parc de panneaux photovoltaïques n’a rien à faire ici, tant ces espaces sont riches en biodiversité. Avant de saccager cette forêt, il est urgent de décider collectivement de la réduction de nos consommations énergétiques, de déterminer quels sont réellement nos besoins humains et sociaux. Et en premier lieu, de commencer par en recouvrir les toits et les zones déjà artificialisées.

Il y a 6 mois, 400 personnes ont défilé dans les rues de Champagnole pour la défense des forêts. Rendues vulnérables par le réchauffement climatique, les stress hydriques qu’elles subissent, l’industrialisation de l’extractivisme forestier et les assauts de projets d’énergies dites renouvelables, les écosystèmes forestiers ont grandement besoin de notre attention, de nos soins et de notre protection.

Affiche la forêt gronde 22-23 juin 2024 Loulle/Mont-Sur-Monnet (Jura)

Les samedi 22 et dimanche 23 juin 2024, la forêt gronde. Nous serons encore bien plus nombreuses et nombreux pour dire à nouveau que ce projet, même raboté à 49 hectares de terres broyées et engrillagées, ne se fera pas. Pour mettre en défens les zones humides qui hébergent tritons et crapauds sonneur à ventre jaune, pour marquer les arbres qui abritent et nourrissent toute la biodiversité de la forêt, pour explorer les failles du karst, pour déboucher certaines dolines utilisées comme dépotoirs et réouvrir des abris à chauve-souris. En somme, par ces gestes, nous témoignerons en retour à la forêt un peu de son hospitalité et de sa générosité. Nous participerons au maintien et au développement de ces habitats dont toutes nos vies dépendent.

La carte du projet dans sa dernière version

Samedi, nous parlerons d’énergie et de la multitude de projets photovoltaïques, petits ou grands, qui attaquent les milieux naturels et agricoles dans le Jura. Nous partagerons les découvertes faites dans les 24h naturalistes et ce que nous inspireront nos expériences, nous habiterons ces lieux pour quelques heures sur un campement à deux pas des bois menacés.

Le dimanche, comme l’eau captée par nos forêts, nous descendrons du plateau tel un ruisseau qui se gonfle de pluie, avant de serpenter sur les routes et dans les rues, de Ney à Champagnole.

Car c’est là, sur les toits des bâtiments, que devraient être déployés les panneaux solaires depuis des années. C’est là que nous pourrions engager une vraie transition énergétique et sociale ! Pas en rasant nos forêts !

¡No pannoran !

P.S.

Des réunions d’information sont prévues :

  • le mardi 4 juin à Saint-Claude
  • le vendredi 7 juin à Champagnole
  • et peut-être dans des plus grandes villes environnantes...

Les dernières d’infos seront dispo sur le lien https://tiny.cc/laforetgronde