J’ai vérifié sur mon téléphone, le lieu de rdv était bien place Pasteur, à 19h. J’étais dans les temps. Mais tous ces gens qui remontaient du centre, toutes ces femmes qui s’éloignaient. J’avais envie de les alpaguer, de leur dire qu’elles se trompaient, qu’il fallait faire demi-tour, venir avec voir, brandir des branderoles, taper sur des casseroles et crier des slogans.
J’ai pressé le pas, j’ai traversé le pont Battant et marché encore quelques dizaines de mètres. Iels étaient là. Par centaines. Une bouffée d’angoisse m’a saisie, j’allais pour faire demi-tour quand une fille le visage bariolé de paillettes m’a tendu un lampion : "t’en n’as pas ? tiens !" Je suis restée.
Il y a eu quelques discours, j’étais un peu loin je n’entendais pas tout, mais des passages m’ont émue. Autour de moi, les personnes affluaient, retrouvaient leurs ami·es, s’apostrophaient, riaient, se serraient dans les bras. J’avais l’impression que chaque visage était joyeux, que chaque personne était à l’aise. Je me suis sentie très seule. Mais à ma place.
Le cortège s’est lancé, on a marché, beaucoup. Dans la nuit, les lampions et les silhouettes se découpaient magiquement. Je n’avais plus peur. On a hurlé en coeur, je me suis laissée porter, bercée à travers les rues. Je me suis sentie appartenir.
Mon regard a croisé celui de cette brune qui criait dans le mégaphone. Elle m’a sourit et me l’a tendu. J’ai un peu paniqué mais le slogan était facile : "So so, solidarité, avec les femmes, du monde entier !" C’était mon premier 8 mars, ma première manif féministe, et me voilà à scander des slogans au mégaphone.
Je suis restée avec la fille toute la marche, et sur la place de la Révolution, alors que les dernières prises de parole avaient lieu, elle s’est tournée vers moi et m’a proposé d’aller boire un verre, avec elle et ses copines.
C’était mon premier 8 mars, j’étais terrorisée à l’idée de m’y rendre, seule en plus, et je n’aurais pu imaginer mieux !
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