Voici l’appel complet de la Coordination natuiolale des mineur.es isolé.es en lutte :
APPEL À LA MOBILISATION POUR LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DE L’ENFANT
Solidarité antiraciste avec les mineur.es isolé.es étranger.es !
« Nous ne sommes pas dangereux, nous sommes en danger »
Le 20 novembre, journée internationale des droits de l’enfant, nous appelons à manifester pour dénoncer la situation dramatique des mineurs isolés étrangers en France. Cette date est portée par une coordination
nationale de mineurs isolés étrangers en lutte pour leurs droits, créée en septembre 2024.
Nous, jeunes filles et jeunes garçons mineur.es en lutte, appelons à manifester le 20 novembre, à l’occasion de la Journée Internationale des Droits de l’Enfant.
Nous sommes venu.es en France pour chercher une protection et un avenir meilleur. Mais à peine arrivé.es en France, on nous dit que nous ne sommes pas mineur.es et qu’il n’y a pas de protection pour nous. Nous faisons face à des conditions indignes, à un abandon institutionnel, et à une politique de discrimination.
Les évaluations de minorité, loin de nous protéger, sont défaillantes et injustes. Depuis quelques temps, les évaluations de minorité sont de plus en plus souvent négatives, les services départementaux disent que
nous ne sommes pas mineurs. Ces évaluations de minorité négatives nous plongent dans une précarité extrême. Elles nous privent de la prise en charge à laquelle tout enfant devrait avoir droit : accès à l’école,
logement, transports, soins de santé. Nos droits sont ignorés. Nous sentons que notre place ici est remise en question, que les institutions ne veulent pas nous accueillir, que nous sommes abandonné·e·s à nous-mêmes.
L’État français a été pointé du doigt pour le non-respect des droits de l’enfant par les instances internationales. En septembre 2023, le Défenseur des droits a rapporté que les pratiques d’évaluation et de rejet de la minorité constituent souvent des violations des droits de l’enfant et a appelé à une révision des méthodes d’évaluation. Pourtant, les évaluations de minorité sont toujours abusives. De plus, les Juges pour Enfants refusent de plus en plus nos recours de reconnaissance de minorité. Dans un contexte où l’immigration est de plus en plus stigmatisée, les discours anti-immigration prolifèrent, alimentant la méfiance et la discrimination et font reculer nos droits et les droits des français en général.
Les choix politiques actuels de non-accueil, de fermeture des frontières, et de stigmatisation s’inscrivent dans une trajectoire politique toujours plus racistes dont les multiples lois et les mesures anti-immigrations annoncées par le nouveau Ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, en sont l’illustration.
Ces politiques de refus de nos droits sont justifiées par des discours qui nous dépeignent comme des dangers, alors que c’est précisément notre situation de précarité qui nous met en danger. Nous sommes logés dans des lieux inadaptés et dans des conditions inhumaines, nous n’allons pour la plupart pas à l’école, nous passons des journées à ne rien faire, dans l’errance et dans la peur, en attente de notre procès qui décidera si nous sommes mineurs ou non.
Nous sommes traités comme des personnes indésirables plutôt que comme des jeunes en quête de sécurité et de protection.
Nous demandons :
Des délais de recours juridiques plus courts
L’application de la présomption de minorité pour garantir une prise en charge jusqu’à la fin des recours juridiques
L’arrêt du fichier AEM et de la procédure d’évaluation expéditive et inhumaine
L’accès à la scolarité pour tous ceux et celles qui le souhaitent, afin de construire notre avenir
Une prise en charge de nos titres de transport pour nos trajets quotidiens, pour éviter la menace constante d’une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français)
La restitution de nos documents d’état civil déclarés authentiques par la Paf après la procédure de recours
Un logement digne et adapté pour tous et toutes, la réquisition des bâtiments vides pour accueillir ceux et celles qui dorment dehors. Ainsi nous sommes solidaires du Collectif Combat pour l’hébergement 93
Une prise en charge sociale et solidaire qui respecte nos besoins
À long terme, l’arrêt des évaluations de notre âge basées sur des critères abstraits qui renforcent notre précarité.
Nous savons que seules nos luttes et le rapport de force nous permettront d’obtenir des victoires et des avancées. Dans un contexte de montée de l’extrême droite et du racisme, nous devons combattre les mesures et les lois anti-immigration et être solidaires des personnes exilées et immigrées en lutte pour leurs droits.
Ainsi, à Paris, nous avons réussi à scolariser 150 jeunes et à mettre à l’abri 900 jeunes grâce à nos luttes. A Clermont-Ferrand, l’occupation pendant 6 mois d’une salle municipale a permis l’ouverture d’un appartement pour 8 personnes. À Lille, à Marseille, à Toulouse, à Lyon, des collectifs de mineur.es isolé.es s’organisent pour faire respecter leurs droits.
Le 20 novembre, faisons entendre nos voix pour un monde où tous les enfants, étrangers ou non, bénéficient des droits et de la dignité qu’ils méritent. Tous ensemble contre la criminalisation et la discrimination que nous vivons en tant que mineurs étrangers !
A Paris, nous organisons une manifestation qui partira de Bastille à 15h00.
Signataires de l’appel :
La Coordination nationale des mineur.es isolé.es en lutte (Collectif des Jeunes du Parc de Belleville, YaPasMieux63, Collectif Binkadi, Collectif des jeunes en recours des Bois Blancs, Collectif Autonomie)
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