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Rentrée libertaire 2024 : on fait le bilan

Doubs

Les anarchistes, en principe, n’aiment pas beaucoup les traditions. Ne leur parlez pas de dinde de Noël, encore moins de galettes des rois et évitez de leur adresser vos vœux de réussite professionnelle au début du mois de janvier. Oui, mais quand même : il y a le 1er mai, où la mémoire encore vivace des martyrs de Chicago [Le massacre de Haymarket Square, survenu à Chicago le 4 mai 1886, constitue le point culminant de la lutte pour la journée de huit heures aux États-Unis. Initié par les grévistes des usines McCormick de Chicago, l’événement se répand rapidement à travers tout le pays et devient un élément majeur de l’histoire de la journée internationale des travailleur⋅ses du 1er mai.] jette sur le pavé des flots d’insurgé⋅es qui passent toujours place Marulaz manger un peu de couscous cuisiné par les libertaires.

Quoi que plus discrète, à Besançon, il y a aussi la Rentrée Libertaire qui revient chaque mois de septembre et d’octobre. L’occasion après l’été de retrouver des visages familiers que nous n’avons jamais fini de découvrir, mais aussi de rencontrer de nouvelles personnes, parfois fraîchement arrivées en Franche-Comté.

L’occasion aussi de (re)découvrir les bases du vocabulaire et de la théorie politique et scientifique concernant les questions d’amour de sexe et de genre pendant une conférence à la fois sérieuse et marrante. De fabriquer collectivement des contre-cartographies afin d’exprimer nos visions du monde étouffées par les cartes classiques, ces outils de contrôle du territoire, des populations et des frontières. De revenir sur la situation en Palestine avec le fils d’apatrides, objecteur de conscience et insoumis à la guerre d’Algérie Pierre Sommermeyer. De réfléchir à la décroissance libertaire à partir d’une conférence de Jean-Pierre Tertrais. De dénoncer l’exploitation des femmes par le travail domestique qui représentait en 2010 60 milliards d’heures (imaginez si elles étaient payées !). On s’est aussi partagé des expériences de mutuelles afin de propager ces outils de solidarité concrète qui s’organisent à la base et qui transforment notre rapport au fric et aux inégalités économiques. On a regardé un film dans lequel des communautés villageoises au Rwanda apprennent à faire face aux violences domestiques et sexuelles à travers un processus de justice restaurative, puis on a discuté du film et de comment prendre en charge ces violences dans le contexte qui est le nôtre.

Avec le concert-conférence de La Paloma autour de la guerre civile espagnole, on s’est souvenu en chanson que le fascisme c’est la mort. Mais le set anarcho-pop-punk de Louis Lingg & the Bombs (dont le nom rend hommage à un anarchiste connu pour avoir fabriqué l’engin explosif qui a marqué la journée de grève du 4 mai 1886 à Chicago) nous a rappelé que la révolte c’est la vie !

Entre une barbe-à-mama autogérée, un chamboule-tout et deux trois stands de brochure, des concerts et DJ set ont également accompagné la soirée de soutien aux médias libres franc-comtois. De quoi avoir des cernes sous les yeux tout le long de la journée du lendemain dédiée à ces médias-locaux-qu’on-aime-bien. On a quand même trouvé l’énergie de créer nos propres fanzines, de se partager des savoirs à propos de la surveillance qui plane sur nos outils numériques et les pratiques qui permettent de s’en défendre le plus efficacement possible, ou encore d’apprendre ensemble comment publier sur le site participatif d’infos anti-autoritaires franc-comtois Rabasse.info. Enfin nous avons discuté longuement de la nécessité de ne pas abandonner le narratif de nos luttes à nos ennemis politiques ou au bon vouloir des algorithmes des réseaux sociaux, que ce soit en confiant le soin de les raconter à des journalistes ami⋅es (RadioBip, Média25 ou Le Ch’ni) ; en accomplissant cette tâche par nous-mêmes ; en publiant sur des sites participatifs (Rabasse.info) ; en écrivant dans les colonnes de nos journaux locaux (Grain de Sel, Donzelibéré) ou dans des brochures qu’on dépose dans les bacs des infokiosques de Besac ou du Jura !

En partageant joyeusement des repas végétaliens sous le soleil de la place Marulaz, on a rappelé à celles et ceux qui l’auraient oublié que la rue est à nous. Et que malgré la volonté des pouvoirs publics d’aseptiser la ville de toute forme de convivialité non déclarée en préfecture, nous, on est encore là. Et on n’est pas prêt de bouger !

La rentrée libertaire reviendra en septembre prochain car mouvement social ou non, nous devons continuer de nous rencontrer, de réfléchir ensemble et d’apprendre à se faire confiance pour opposer à leurs obsessions réactionnaires la construction collective d’un avenir désirable, ici et maintenant.

P.S.

Le programme était bien trop vaste et ce texte n’en fait pas la liste exhaustive. On se souviendra du café polar avec Maryssa Rachel, de l’après-midi jeux de société et atelier badges DIY ou de la conférence "Le Sexe du capitalisme : rencontre autour de la Critique de la valeur-dissociation et de Roswitha Scholz" en visitant le site internet besac-libertaire.info ou l’article "Rentrée libertaire 2024" sur Rabasse.info

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