Une fois au pouvoir, ces blocs centristes plus ou moins polarisés d’un côté ou de l’autre n’ont eu de cesse de reprendre les mesures et idées de l’extrême droite. Tellement que sur beaucoup de sujets, Macron a clairement fait du Le Pen. Il y a bien sûr là une stratégie électorale avec une idée délirante : C’est en appliquant le programme de l’extrême droite que nous séduirons leurs électeurs. Bien sûr, c’est l’effet inverse qui se produit : appliquer le programme de l’extrême droite légitime leurs propositions, banalisent leurs discours et préparent leur arrivée au pouvoir.
Résultat : Sarkozy faisait du Le pen, Hollande faisait du le Pen, Macron faisait du Le Pen, et à force, bhé oui, Le Pen fera du Le Pen.
Mais cette tambouille politicienne française n’explique pas du tout la situation.
Car la droitisation extrême du pouvoir n’est en rien un phénomène national français. Les élections sont toujours l’occasion pour l’État de répandre la ferveur nationale. La gauche s’y régale d’y trouver l’occasion d’un nouveau front populaire, promettant à qui veut l’entendre que la gauche au pouvoir sera le Salut de la Nation. Seulement voilà, la situation n’est pas nationale, elle est mondiale.
Sortir du nationalisme, c’est aussi sortir des fausses solutions nationales potées par la gauche.
C’est sur l’ensemble du globe que la situation se durcit : les pouvoirs se bunkerisent derrières des politiques autoritaires qui augmentent drastiquement le niveau d’exploitation (baisses de salaires, du chômage, de la retraite, des aides de santés, etc.) tout en élevant le niveau de répression des mouvements sociaux. Le capitalisme traverse une crise mondiale où la guerre et le nationalisme sont les moyens de sa restructuration. Les blocs des bourgeoisies nationales ont besoin de tenir fermement leur population pendant qu’ils renégocient les conditions de leur concurrence mondiale à travers les guerres (économiques et armées). Dans ce cadre, le nationalisme, le patriotisme, la mise au pas des luttes sociales et des critiques radicales sont une nécessité. Autrement dit, du point de vue du capitalisme, qui n’a plus grand chose à redistribuer du fait de la crise, qui est dans une phase de restructuration via la guerre, la proposition d’extrême droite est tout simplement logique. Elle est d’ailleurs celle adoptée par de plus en plus des bourgeoisies nationales à travers le monde.
Mais la proposition du front populaire est aussi une proposition nationaliste.
Elle vise seulement à relancer la boutique de la gauche en France, alors que ce n’est pas le changement de quelques députés en France qui parviendra à faire face à une telle situation. Les solutions portées par la gauche sont toujours des solutions qui en passent par l’État, c’est-à-dire par la Nation. C’est pourquoi la gauche nous ramène toujours à rester enfermé dans nos frontières, tout comme l’ensemble des boutiques politiques. Raison pour laquelle toute une partie de la gauche est clairement va-t-en guerre (PS), quand l’autre se glorifie de la position d’exception de la France sur la scène internationale du fait qu’elle soit une puissance nucléaire (LFI). Sans compter que la gauche participe, partout dans le monde, à chaque fois qu’elle est au pouvoir, à mener la politique qu’exige le capital. Les grecs en ont fait les frais avec Syriza. Mais nous aussi, rappelons-nous que la loi travail, c’est la gauche qui l’a portée. Tout comme la déchéance de nationalité.
Cette même gauche qui tente aujourd’hui de nous vendre un avenir meilleur antifasciste est la même qui imposera demain l’austérité nécessaire à l’effort de guerre et défendra les intérêts de l’État français — qu’elle représentera. Dans un monde qui s’enfonce dans la guerre, le nationalisme, sous toute ses formes, est plus que jamais une impasse.
En revanche, il existe une autre perspective. Partout dans le monde, des soulèvements éclatent et cherchent à attaquer l’État et les conditions de merde que nous réserve le capitalisme : Chili, Colombie, Iran, Soudan, Kazakhstan, les Gilets Jaunes en France, etc. Tous ces soulèvements montrent la voie d’un mouvement à la hauteur de la situation. Il existe une perspective révolutionnaire mondiale aujourd’hui. Et c’est celle-ci qu’il nous faut suivre, car c’est la seule en capacité de s’opposer à la guerre que nous promet le Capital, tout en faisant exploser les frontières nationales et le nationalisme qui va avec.
Pour cela, commençons dès aujourd’hui en refusant ce grand déballage démocratique qui cherche à nous faire croire que l’État national est la solution à nos problèmes, alors qu’il est le problème à détruire !
Refusons ce marasme politique qui est une mascarade face à la situation. Dès maintenant : refusons le nationalisme de l’extrême droite et le nationalisme de la gauche. Refusons ces élections. Attaquons-les. Organisons-nous contre l’État, sous toutes ses formes, et quelques soient ses figures.
Mort à la politique.
Mort à la guerre
Révolution mondiale.
Article initialement paru sur le site Paris-luttes.info
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info