Texte initialement paru sur le site bordelais du réseau mutu, La Grappe
Nous ne pouvions prendre le risque de rater ce moment de partage de victoire, en ce jour de verdict, tant en ces temps de Macronie et de fascisation de la société, les victoires de notre camp sont rares. Preuve que la lutte paie, même si le combat peut être long, il faut garder la force de ses convictions et de la justesse de la lutte !
Redisons-le, ce jeudi 17 juillet 2025, la cour d’appel de Paris a ordonné la libération de Georges Abdallah à compter du 25 juillet, jour où il doi partir pour le Liban.
Au réveil, nous hésitions encore entre colère et soulagement, quand la justice balançait entre le maintien de Georges Abdallah en prison à vie et lui rendre le droit de retourner enfin auprès des siens.
Plus de 40 années de prison et toute une vie de combat pour un monde débarrassé des impérialismes conquérants, des colonialismes oppresseurs et du capitalisme qui n’est plus que barbarie comme il le dit si bien, ce fut la vie de Georges Ibrahim Abdallah.
En 40 ans, le monde s’est ouvert mais ouvert au capitalisme et à l’impérialisme. Ailleurs, il s’est refermé sur des obscurantismes que Georges Abdallah rejette tout autant.
Sa libération est, pour nous, l’aboutissement d’une vingtaine d’années de mobilisation de tous ses soutiens partout dans le monde en France, mais aussi au Liban, ailleurs dans le monde, comme ici à Bordeaux avec le collectif Libérons Georges 33, pour faire sortir de l’ombre son histoire avec toutes ses péripéties, manœuvres pour le maintenir en prison. Ce sont une dizaine de déplacements pour être de plus en plus nombreux devant la prison tous les samedis proches du 24 octobre, date anniversaire de son arrestation en 1984 à Lyon. Ce fut aussi un long travail pour convaincre le mouvement social, associations et syndicats et partis politiques pour soutenir la libération de Georges Abdallah. Nous n’oublions aucun des membres du collectif aujourd’hui disparus, Jacques et Françoise Salles et Gilbert Hana, ou qui ont rejoint le Liban comme Samar. Nous pensons aussi à Suzanne Le Manceau qui a été le relais constant avec Georges, jusqu’à l’an passé. Merci aux soutiens et aux lieux qui ont accueilli nos rencontres et manifestations comme l’Utopia pour les projections-débats, le local de Solidaires 33, celui de la Clé des Ondes ou aussi celui de l’Athénée libertaire.
Nous avons en tête cette personne qui est restée droite tout au long de ces années de détention, alors que tant d’autres ont été brisés par le système carcéral et l’isolement. Il a su garder la jeunesse du moment où il est entré en prison et ainsi jamais il ne s’est couché face aux volontés des États-unis, partie civile, et du Parquet.
Nous devons clarifier le reproche qui est fait à Georges de ne pas se repentir. Le repentir existe dans le droit américain basé sur la croyance en la Bible, mais pas dans le droit français. C’est bien une tentative d’américaniser le droit français qui est à l’œuvre avec cette accusation.
Clarifions aussi la soi-disant acceptation d’indemniser les victimes. Georges n’a pas accepté d’indemniser les parties civiles, en l’occurrence les États-unis, seule partie civile toujours présente depuis le début. Il a simplement été fait état de sommes qui ont été envoyé à Georges et qui ont été prélevées par l’administration pénitentiaire à destination des victimes, sur les sommes reçues par Georges par ses soutiens.
Georges Abdallah a été un symbole de résistance de par sa vie même, d’ouverture permanente au monde, d’analyse du capitalisme et de constance et de droiture, avec toujours un regard aiguisé sur l’impérialisme, le colonialisme et le capitalisme, sur l’arrogance et le mépris des États occidentaux face au reste du monde vu comme espace à piller et conquérir. Il ne supporte pas l’humiliation que fait subir l’occident aux populations arabes et il pense qu’une explosion est inévitable.
Georges Abdallah a aussi été un acteur des luttes carcérales, en particulier pour les parloirs individuels et un farouche partisan de l’abolition de la prison. Son expérience lui a montré que la prison ne réhabilite pas et au contraire, elle conduit de nombreux prisonniers à la récidive.
Nous rappellerons que cette année a aussi vu la libération de Léonard Peltier, ce militant amérindien, gracié par Biden tout juste avant de quitter son mandat, après 49 ans de détention aux USA.
Nous allions au parloir et c’était des moments enrichissants tant les connaissances de Georges Abdallah étaient diverses et nous ouvraient de nouvelles portes que ce soit en politique internationale, française, palestinienne, en sciences, sur l’histoire des religions, sur l’état des mouvements sociaux dans le monde, sur l’état de la recherche scientifique, sur l’état de la prison, sur son analyse critique des mouvements révolutionnaires, nationalistes, religieux, etc.
Georges a toujours voulu se démarquer des mouvements islamistes en nous rappelant son athéisme, pour lui les mouvements islamistes n’étaient pas des mouvements d’émancipation car ceux-ci ne faisaient pas cas de la vie des populations civiles, ne pensaient pas à les protéger.
Nous espérons qu’il pourra profiter de cette liberté, dans cette terre d’insécurité qu’est le Proche-Orient et échapper à la vengeance israélienne. Il nous disait espérer avoir 3 jours de liberté pour sentir son pays et s’inquiétait de la sécurité pour sa famille.
Tant que le monde sera l’objet de l’avidité des intérêts capitalistes et de l’expansionnisme sioniste, le monde ne sera pas sûr, la Palestine ne sera pas libre et Georges Abdallah ne pourra pas jouir, lui non plus, de la liberté.
Nous continuerons à nous battre pour un monde libre, d’égalité et de solidarité, aux côtés de Georges Ibrahim Abdallah, des peuples opprimés et des classes populaires exploitées.
Il est de nos luttes, nous sommes de son combat, vive Georges Ibrahim Abdallah, vive la Palestine libre ! Tahya Georges Abdallah, Tahya Palestine !
Arrêtons le génocide à Gaza !
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info