Cet article est initialement paru chez nos voisin•es de Renversée.co
En quoi consiste le projet ?
Voici un bref aperçu.
Les forages prévus à Glovelier n’ont, en effet, pas grand-chose à voir avec la géothermie que l’on connaît. Dans les cas de géothermie petite ou moyenne, les forages sont effectués à une profondeur allant de 100m à 2-3km. La chaleur obtenue est utilisée principalement pour le chauffage. Pour ce qui concerne la production d’électricité, la chaleur n’est généralement pas suffisante. La géothermie profonde, en revanche, doit être effectuée à une profondeur de 4 ou 5km et la chaleur est supposée servir à la production d’électricité (du moins en théorie). Si de l’eau est trouvée à cette profondeur (notamment en raison de roches poreuses), la chaleur de cette dernière pourra être transformée en énergie « hydrothermale » - ce qui n’est pas le cas à Glovelier.
Ici, on utilise un procédé appelé la Géothermie Pétrothermale Profonde (GPP). La GPP fonctionne en injectant – à haute pression – de grandes quantités d’eau mélangée à divers produits chimiques dans le puits, supposés rendre la roche encore plus poreuse.
Bien que l’entreprise responsable préfère désigner la GPP par des mots tels que « stimulation », le procédé est comparable au « fracking » opéré dans la production de gaz et de pétrole. De plus, la GPP consomme d’énormes quantités d’eau et d’autres ressources. Tout cela, alors qu’un forage comme celui de Glovelier ne fournit de l’énergie que pour une durée de 20 à 25 ans (si tant est qu’il en fournisse), notamment en raison du refroidissement de la roche.
Projets antérieurs
Avant le forage dans le Jura, il existait des projets similaires à Bâle, St-Gall (et en Corée). Cependant, chacun de ces projets a dû être interrompu prématurément en raison de forts séismes. Après ces essais peu concluants, le canton du Jura a été choisi comme lieu de la prochaine expérience, soi-disant pour sa faible densité d’habitants. Dès le début du projet, des personnes vivant au sein du canton s’y sont opposées.
Qui porte le projet ?
Sur le plan juridique, les négociations sont allées jusqu’au tribunal fédéral. Depuis la décision du tribunal en 2020, le projet est officiellement porté par la Confédération. La mise en œuvre est planifiée par Geo Energie Suisse, qui fait la promotion de ce procédé sur son site Internet. Elle évoque les « grandes possibilités de croissance » qu’offre un tel projet. Certes, Geo Energie Suisse (GES) est à l’origine du projet, mais la planification détaillée et la mise en œuvre concrète sont confiées à des entreprises tierces. Apparaissent alors beaucoup d’entreprises similaires, mais sous d’autres nomes, ce qui vise probablement à dissimuler les responsabilités des participants.
De nombreuses raisons contre la GPP
Si l’on regarde les faits, on se rend rapidement compte qu’avec le projet de Glovelier, GES s’aventure sur un terrain très dangereux et que le Jura deviendra un objet de spéculation technocratique. L’énorme consommation d’eau, la pollution des régions environnantes, le « fracking » sont déjà des raisons suffisantes pour s’opposer à un tel projet. S’ajoute à cela le fait que la GPP ne constitue pas une source d’énergie particulièrement riche, que sa durée de vie n’est que d’environ 20 ans et que – malgré diverses tentatives ratées – l’on poursuit ce projet de manière spéculative. Maintenant que le projet est officiellement porté par la Confédération, on peut supposer qu’il s’agit d’une nouvelle tentative de maintenir les profits de l’état suisse en investissant dans des technologies expérimentales (comme les GPP). En effet, le projet de GES vise avant tout à créer un nouveau type de production d’énergie dans lequel de grandes quantités d’argent et de ressources peuvent être investies. En bref : il s’agit d’une technologie qui se vend particulièrement bien parce qu’elle est présentée comme « durable ». Finalement, l’endroit choisi pour mettre en place ce projet – le Jura – est un endroit où l’on pourra minimiser les conséquences d’un tel projet : il ne s’agira que de dommages collatéraux, puisque ce territoire est composé d’exploitations agricoles, n’abritant pas d’entreprises et d’industries considérées comme ayant de la « valeur ».
Ici aussi, le même constat qu’ailleurs : il s’agit de tirer profit de la crise. Les décisions des personnes vivant à Glovelier et dans les environs sont tout simplement ignorées.
Ceci est un appel pour choisir d’autres formes de lutte. Pas de spéculation avec nous, ni ici ni ailleurs.
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