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Pas de photovoltaïque sur les forêts jurassiennes : victoire à Loulle/Mont-Sur-Monnet !

Jura

Après trois années de lutte investie par divers collectifs (collectifs citoyens, associations de protection de l’environnement mais aussi associations de chasse) la nouvelle tant attendue vient de tomber ! Le Préfet du Jura, Serge Castel, a pris un arrêté refusant l’autorisation de défrichement qui aurait permis le lancement des travaux du parc photovoltaïque de 51 ha prévu par Cévennes Énergies sur les communes de Loulle et Mont-sur-Monnet (39).

Ce refus d’autorisation de défrichement est une belle victoire et un soulagement. C’est un soulagement pour les non-humain⋅es qui habitent ces précieux hectares de forêts. C’est un soulagement pour les habitants et paysans locaux inquiets de voir la ressource en eau gravement impactée. Et c’est un soulagement aussi pour les usagers de cette forêt, amoureux de la nature, chasseurs, randonneurs, spéléologues... tous·tes attaché⋅es aux forêts et lapiaz sur ces sols karstiques, à la beauté et la richesse de ces milieux et à toute l’histoire qu’ils contiennent.

Une victoire ici, au milieu de tant de luttes et de défaites

L’avis du Préfet, suivant tous ceux de ses services ayant eu à se prononcer sur le dossier et celui des commissaires enquêteurs, ne devrait pas nous surprendre. Et pourtant...

Aujourd’hui, de trop nombreux projets écocides voient le jour, validés par les autorités au mépris des impacts environnementaux, sociaux et démocratiques. Très souvent les études d’impacts sont incomplètes, bâclées ou conduites à la va-vite (rappelons qu’elles sont à la charge du porteur de projet). La désinformation des citoyen⋅ne⋅s est la norme, entre publi-rédactionnels ou plaquettes commerciales et centaines de pages de dossier exposant les dessous d’un greenwashing éhonté.

À Loulle et Mont-sur-Monnet, une partie de ces manquements ont été comblés par un travail bénévole de longue haleine produit par les collectifs locaux. Ils n’ont eu de cesse d’informer la population locale sur les enjeux du projet. Ils ont fait un travail objectif et sérieux de communication, mettant au jour les erreurs, faiblesses, lacunes, mensonges du porteur de projet. Ils ont révélé, étayé et développé les connaissances naturalistes sur les sites concernés. Ils ont fédéré, expliqué, dénoncé, tout en complétant le travail des services de l’État (DREAL, ONF, MRAE) qui avaient eux-même déposés des avis défavorables et étayés sur le sujet.

Un travail de Sisyphe bénévole, trop loin des enjeux démocratiques

Chaque dossier est examiné individuellement, sur des critères éclatés par les différentes législations, sans jamais devoir prouver sa pertinence énergétique. L’État a refermé le débat public sur la transition énergétique, dont on sait qu’elle doit être pensée et planifiée à l’échelle d’un territoire pour se réaliser et avoir les effets escomptés. Notre avenir énergétique est abandonné au marché et aux promoteurs privés, charge aux habitant⋅e⋅s de se mobiliser pour limiter la casse sur la biodiversité, dont la situation n’est pas moins critique que celle du climat.

Comment multiplier ces victoires nécessitant la mobilisation d’un grand nombre de personnes sur leur temps libre pendant que celles et ceux qui sont payés à déployer et signer ces projets ne prennent que trop rarement en considération les réels enjeux écologiques, démocratiques et sociaux ?

Vers un maillage des luttes forestières locales contre l’artificialisation des sols

Les collectifs sont plus déterminés que jamais et ils ne s’arrêteront pas à cette victoire, à cet îlot sauvé au milieu d’un territoire criblé de projets absurdes. La Communauté de commune, après avoir écarté le débat pour soutenir ce projet, s’est inquiétée du fait que la législation ayant évolué, un nouveau projet de 40ha serait désormais compté comme de l’artificialisation des sols. On sait qu’il est désormais illégal de défricher plus de 25 hectares pour installer un parc photovoltaïque, mais on peut s’attendre à de nouveaux bricolages et coups tordus en saucissonnant le projet.

À Cressia, à Pimorin, mais aussi ailleurs dans la région, par exemple dans la Nièvre, les milieux naturels et agricoles extensifs continuent d’être la cible des promoteurs industriels de projets d’énergies renouvelables : plus faciles à mener, moins cher car personne ne leur fait payer le coût incommensurable des destructions de nos communs. Tant que cela ne changera pas, que les zones déjà artificialisées ne seront pas privilégiées, nous continuerons à défendre ces espaces de vie dont notre espèce dépend.

Nous mettrons en lien nos expériences, nos compétences, et nos énergies, pour que nulle part de tels projets ne soient imposés à un territoire. C’est le seul moyen de tenter de s’extraire du destin mortifère qui est promis au vivant.

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