Palme d’or au Festival de Cannes en 2006, Le vent se lève retrace le développement politique des habitant·es d’un petit village près de Cork, en Irlande, pendant la Guerre d’indépendance irlandaise (1919-1921). Le film suit les trajectoires de deux frères, Teddy et Damien O’Sullivan, issus d’un milieu ouvrier et rural. Tandis que Teddy (Pádraic Delaney) est engagé de longue date dans le mouvement révolutionnaire irlandais, Damien (Cillian Murphy), étudiant en médecine, décide à son tour de rejoindre la lutte armée contre l’occupant britannique lorsque la police coloniale réprime brutalement des cheminots syndiqués combattant pour une Irlande libre. Au sein de l’IRA, Teddy et Damien côtoient des figures inspirées par James Connolly et la tradition socialiste révolutionnaire, mais également des paysan·nes et ouvrier·es en lutte contre l’occupation presque millénaire de leur pays par les forces anglaises.
Lorsqu’en 1921 les Britanniques changent de stratégie et acceptent de concéder la création d’un État « Libre » d’Irlande, le mouvement indépendantiste se fracture entre défenseurs et pourfendeurs du traité avec l’Angleterre. Conscient de la nécessité d’une rupture nette avec l’impérialisme britannique et le système capitaliste qu’il représente, le jeune Damien prend le parti des « anti-traité » qui souhaitent prolonger la guerre jusqu’à l’obtention d’une indépendance nationale – et économique ! – complète. Teddy, dont les nouvelles responsabilités lui inculquent les règles de la realpolitik, s’oppose sèchement à la radicalité de son frère. La tragédie familiale des O’Sullivan met en lumière la façon dont une partie de la bourgeoisie et du prolétariat d’un pays colonisé peuvent en venir à accepter les conditions d’une ancienne puissance coloniale.
Dans le contexte actuel du génocide en cours à Gaza, il est difficile de revoir Le vent se lève sans faire un parallèle avec l’histoire du colonialisme en Palestine, également façonnée par l’impérialisme britannique. Ce film invite à réfléchir aux scissions douloureuses au sein des mouvements de libération nationale et à leur ancrage dans des contradictions de classe profondes.
Cette projection inaugure un cycle de films et de documentaires consacré à l’anti-impérialisme, qui explorera une dizaine de luttes anti-coloniales passées et présentes. Chaque mois, une séance sera consacrée à une lutte spécifique, avec une brève introduction au contexte historique et politique du pays abordé, suivie d’un débat ouvert.
Le vent se lève sera projeté à la SCOPS le dimanche 15 décembre, à 17 heures.
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