Le samedi 27 avril 2024, une dizaine de bénévoles de l’antenne L214 Besançon se sont mobilisé.e.s dans 11 enseignes de supermarchés bisontins et saônois pour une opération de stickage. Imitant les codes de pratiques promotionnelles, les 400 stickers collés sur les barquettes Le Gaulois présentaient un poulet déplumé et mal en point ainsi que la mention « Garanti 100% souffrance ». Par cette action, l’association aimerait inciter le groupe LDC qui détient notamment les marques Le Gaulois, Maître Coq et Marie, à signer l’European Chicken Commitment (ECC), interdisant les pires pratiques d’élevage et d’abattage des poulets.

A l’heure actuelle, comme l’ont montrées de nombreuses enquêtes réalisées depuis 4 ans par L214, la courte vie de ces poulets n’est que souffrance. Entassés par milliers dans des hangars sans jamais voir la lumière du jour, ils souffrent de difformités et d’une grande fragilité (cous tordus, pattes blessés etc). Issus de souches à croissance ultra-rapide sélectionnées génétiquement, ils développent des problèmes pulmonaires, cardiaques et cutanés. Leurs pattes sont si fragiles qu’elles peinent à les maintenir debout et il arrive que certains d’entre eux ne survivent pas à ces terribles conditions de vie, décédant avant même d’être conduits à l’abattoir vers leur 45 ème jour de vie. En 45 jours à peinent, il prendront 3,5 kg, le bien-être animal n’est clairement pas la priorité de LDC.

Et pourtant, LDC a les capacités financières de changer ses pratiques. Se vantant d’être sur toutes les tables des ménages français, Le Gaulois détient 17% des parts de marché de la production de poulets en France. LDC en détient, en tout, 44% avec 300 millions de poulets abattus chaque année. Entre 2020 et 2021, le groupe a engrangé 143 millions de bénéfices et a fait un chiffre d’affaire de 5,8 milliards d’euros en 2022. L’ancien président, Denis Lambert, figure parmi les plus grosses fortunes françaises. Alors LDC doit s’engager, comme l’ont fait d’autres enseignes telles que Fleury Michon, Pierre Martinet ou encore les chaînes de fastfood comme KFC et Domino’s Pizza. LDC en a les moyens, il ne reste plus qu’à en avoir la volonté.

Cela fait déjà 2 ans que L214 entretient le dialogue avec LDC et il n’y a malheureusement toujours pas d’engagement à l’horizon. Pourtant l’ECC qui, comme nous l’avons dit, n’est pas inatteignable financièrement pour le groupe, permettrait d’éradiquer les pires pratiques d’élevage et d’abattage des poulets. Tout d’abord, ce critère de standard européen veille au respect des règlementations bien trop souvent oubliées. Actuellement, en France, les densités appliquées sont de 42 kg/m², ce qui signifie entre 20 et 22 poulets par mètre carré. Chaque poulet aurait donc moins d’espace que l’équivalent d’une feuille A4, c’est minime et surtout très difficile à vivre. Pourtant, cette densité, qui devrait être rare parce qu’obtenue par dérogation, est devenue systématique. Si les règlementations de l’ECC étaient appliquées, les densités seraient de 30 kg/m², soit entre 14 et 16 poulets par mètre carré (donc plus d’une feuille A4), ce qui améliorerait leur condition de vie. En outre, l’ECC interdit les souches à croissance ultra-rapide, causes de tant de souffrance, et prévoit l’installation d’enrichissements comme la présence de perchoirs et l’interdiction des cages. Il est également interdit d’accrocher les pattes des animaux (qui peuvent se briser et se blesser) encore vivants à l’abattoir. Un contrôle annuel s’assure du respect de la mise en place de ses mesures ainsi que d’une part de 20% de plein air. Ces règlementations ne sont qu’un petit pas pour un groupe aussi riche que LDC et ce serait déjà une avancée pour les conditions de vie de ces poulets.

Nés dans des couvoirs, sans pouvoir communiquer avec leur mère, circulant dans des hangars sombres et vivant en surpopulation, les poulets ne connaissent pas le soleil ou l’herbe, ils ne peuvent pas gratter la terre à la recherche de nourriture ou encore s’endormir paisiblement à l’ombre comme nous pouvons le voir dans les refuges. Privés de leurs droits fondamentaux à vivre leur vie de poulets, ils sont réduits au statut d’objet de consommation. L214 aspire à un monde où les animaux ne seraient plus considérés tels. Et, c’est un monde accessible, nous pouvons dès maintenant arrêter de considérer les autres animaux comme des ressources à notre disposition mais bien pour ce qu’ils sont : des individus doués de sensibilité qui devraient pouvoir vivre leur vie sans être opprimés.

A.M.