Depuis bientôt deux ans, L214 est en contact avec l’enseigne Leclerc afin de leur demander de signer sa nouvelle charte, les Pig Minimum Standards, charte européenne soutenue par de nombreuses associations et que nous représentons en France.
Après la révélation jeudi 12 septembre d’une nouvelle enquête fournissant l’enseigne et comme dans une trentaine de villes en France, 14 de nos bénévoles étaient réuni.e.s ce samedi 14 devant le Leclerc de Dole pour manifester : des pancartes illustrant les aspects les plus horribles de l’élevage intensif des cochons, une banderole "Combien d’élevages comme celui-ci ?", et surtout un dialogue avec la clientèle. En deux heures, nous avons ainsi distribué 200 tracts renvoyant à notre pétition et 200 client.e.s ont signé nos lettres de réclamations, ensuite adressées à la direction du magasin.
À l’heure actuelle, 95% des cochons élevés en France le sont toujours en intensif. Ce mode d’élevage est synonyme pour eux des plus grandes souffrances : les truies passent la moitié de leur vie dans des cages d’insémination artificielle, de gestation ou de maternité où elles sont incapables de se retourner ou même d’interagir avec leurs petits. Ces derniers, sitôt nés, subissent les pires mutilations, coupe systématique des queues (pourtant interdite), meulage des dents, castration… Ceux considérés comme les moins rentables sont tués par claquage, ce qui occasionne de nombreux ratés, ils agonisent alors pendant parfois de longues minutes (pratique illégale mais largement documentée). Pour ceux qui survivent à ces premiers jours, ils sont sevrés très tôt (21 jours), ce qui leur cause souvent des maladies, puis placés dans des élevages où la densité extrême les amène à développer un comportement agressif, exposés à une lumière artificielle constante stimulant leur croissance pour nourrir les profits des industriels, sur des sols en caillebotis filtrant leurs excréments, mais blessant leurs pattes et les laissant vivre dans un air irrespirable. Vers l’âge de 6 mois, ils sont encore souvent abattus par asphyxie au CO2, l’une des méthodes les plus douloureuses.
La réalité est encore bien pire. Comme l’a révélé notre nouvelle enquête — la deuxième en six mois —, ciblant un élevage fournissant l’enseigne E.Leclerc pour sa Marque Repère, les installations sont défectueuses, les blessures des animaux jamais soignées, et les cochons vivent parfois au milieu des cadavres putréfiés de leurs congénères.
Face à ces images insoutenables, Michel-Édouard Leclerc a vite réagi en annonçant rompre ses relations commerciales avec cet élevage le temps de l’enquête, et condamner fermement ces pratiques. Mais nous ne nous satisferons pas de ces déclarations creuses : combien d’élevages comme celui-ci, ou comme celui épinglé en mars dernier ? Même le strict minimum imposé par la loi n’est presque jamais respecté : nous avons déjà publié plus d’une centaine d’enquêtes sur des élevages en non-conformité flagrante. Il est désormais incontestable que les blessures, les mutilations et la souffrance extrême sont la norme dans tous les élevages intensifs.
Les deux précédentes chartes soutenues par L214 (StopCages et l’European Chicken Commitment), signées respectivement par environ 200 et 120 marques, ont permis un net recul de ces modes d’élevage en France : aujourd’hui, par exemple, seulement 23% des poules pondeuses sont encore élevées en cages, contre 70% il y a moins de dix ans. La charte que nous présentons aujourd’hui inclut des mesures qui ne permettront malheureusement pas de sortir du cadre de l’élevage intensif, mais visent au moins à interdire les pires pratiques d’élevage et d’abattage. Outre le respect de la réglementation européenne, qui n’est toujours pas appliquée en France, les Pig Minimum Standards imposent :
- l’interdiction des mutilations sur les porcelets (coupe des queues, meulage des dents, castration chirurgicale) ;
- l’interdiction du claquage des porcelets ;
- un sevrage plus tardif (28 jours au lieu de 21) ;
- la fin des cages pour les truies ;
- une diminution des densités ;
- l’accès à la lumière naturelle et à un sol plein avec de la litière végétale et des matériaux de nidification (oui, les truies maternantes construisent normalement des nids !) ;
- l’accès à l’extérieur pour au moins 10% des animaux fournissant la marque ;
- l’interdiction de l’asphyxie au CO2 au profit de méthodes moins douloureuses (comme l’électronarcose qui, pratiquée correctement, induit une perte de conscience immédiate).
Le dialogue nous a déjà permis de faire signer cette charte par 5 entreprises. Comme le montre le cas du leader français du poulet LDC, nous n’avons jamais baissé les bras face au refus de signer d’une entreprise et Leclerc ne fera pas figure d’exception !
E.M.
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