L’ambiance est lourde. Partout en France, l’été 2025 ne suffit pas à faire oublier ce que tout le monde sent venir : la rentrée s’annonce explosive. Les annonces du gouvernement Bayrou — austérité renforcée, recul des services publics, offensive sécuritaire déguisée en réforme — sont autant d’allumettes lancées dans une cocotte-minute prête à exploser. Et dans les couloirs feutrés du pouvoir, ça commence à suer.
Ils ont peur. Peur d’un retour des Gilets jaunes.
Ce mouvement qui les a traumatisés. Ce soulèvement populaire qu’ils n’ont jamais réussi à étouffer totalement malgré les LBD, les nasses, les interdictions de manifester, les juges d’exception, les campagnes de diffamation médiatique. Ce spectre jaune hante encore le pouvoir. Il rôde, il inquiète. Et pourtant, il ne reviendra pas… pas sous la même forme.
Car le mouvement a muté. Il s’est transformé, il s’est disséminé, il s’est enraciné. Les ronds-points sont désertés, mais la colère est toujours là, plus vive que jamais. Ceux qui ont enfilé le gilet fluo en 2018 ne l’ont pas rangé dans un tiroir. Ils ont changé, ils ont appris, ils se sont politisés. Ils sont devenus enseignants grévistes, infirmières révoltées, jeunes en lutte, mères en colère, syndicalistes désabusés, militants de terrain. Ils ont compris que les revendications sociales ne peuvent pas s’arrêter à la taxe sur le gasoil ou à la fin du mois. Ce qu’ils veulent maintenant, c’est un autre monde.
Et ils ne sont plus seuls. Car ce qui arrive, ce qui frémit sous la surface, ce qui se prépare dans les AG, les collectifs, les quartiers, c’est un mouvement plus large, plus transversal, plus ancré dans la réalité sociale que ne l’a jamais été celui des Gilets jaunes. Il touche les classes moyennes, pressurées jusqu’à l’os, coincées entre la peur de tomber et l’impossibilité de vivre dignement. Il touche les jeunes, sans avenir ni repères, pour qui l’espoir ne passe plus par les urnes. Il touche les retraités qui n’arrivent plus à payer leur chauffage, les agriculteurs écrasés, les précaires invisibles. Tout le monde sait. Tout le monde sent. Tout le monde attend.
La paix sociale ne tient qu’à un fil. Les hausses de prix, les pénuries dans les hôpitaux, les enseignants en burn-out, les services publics qui s’effondrent, les policiers surarmés pour faire oublier le manque de justice… La France est un volcan. Et Bayrou, ce vieux centriste sorti du placard de la Cinquième République, pense pouvoir gérer ça comme un maire de province gère une fuite d’eau. C’est risible. C’est tragique. C’est dangereux.
Le pouvoir croit avoir tué les Gilets jaunes. Il a juste nourri leurs enfants. Le gouvernement croit avoir divisé le peuple avec le pass sanitaire, les polémiques identitaires, les chaînes d’infos en boucle. Il n’a fait que créer des rancunes supplémentaires. Des douleurs. Des humiliations. Et maintenant, il pense que la peur suffira à maintenir l’ordre ? C’est mal connaître la France.
Car ce qui se lève, ce n’est pas seulement une vague sociale. C’est une lame de fond. Ce ne sont pas des casseurs. Ce sont des vies brisées. Ce ne sont pas des extrémistes. Ce sont des gens ordinaires qui n’en peuvent plus. Ce sont ces millions de Français qui ont manifesté, pétitionné, débattu, résisté, et qui ont vu leurs luttes piétinées, méprisées, moquées. Ce sont ceux qui ont tout tenté dans le cadre. Et qui en sortent.
Alors oui, le pouvoir tremble. Il redoute septembre. Il multiplie les appels au calme, les flics en civil, les drones, les arrêtés préfectoraux. Il active les syndicats amis, les éditorialistes à gages, les influenceurs « républicains ». Mais ça ne suffira pas. Parce que cette fois, ce n’est pas un mouvement social. C’est une colère générationnelle. Une colère systémique. Une colère de classe.
Les pancartes sont prêtes. Les slogans aussi. Les mots d’ordre circulent déjà. Les collectifs se reforment. Les syndicats de base reprennent contact. Les réseaux militants mutualisent. Et surtout, surtout, la mémoire du mouvement est intacte. Ce qui avait été appris dans le feu de l’hiver 2018 est aujourd’hui une expérience précieuse. Ceux qu’ils croyaient brisés sont en réalité en train de renaître.
Ce qui vient n’a pas de nom. Ce n’est pas un remake. Ce n’est pas une répétition. C’est une autre époque. Une autre énergie. Un nouveau soulèvement qui portera tous les anciens en lui, et bien plus encore.
Bayrou, Macron, Darmanin et compagnie peuvent bien durcir le ton, déployer leurs blindés, criminaliser encore un peu plus la contestation : ils ne gouvernent déjà plus que par la peur et l’illusion. Leur autorité est morte. Ne reste que l’arrogance.
Et lorsque le couvercle sautera, ce ne sera pas un accident.
Ce sera une révolte logique, légitime, inexorable.
KLL pour le Pavé Lorrain
texte trouvé sur riccochets.cc
source : faceDeBouc LePaveLorrain
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