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Parc photovoltaïque en forêt : l’enquête publique est lancée, jusqu’où ira le Préfet ?

Jura

À Loulle et Mont-Sur-Monnet (39), le projet de Cévennes Energy de faire de l’énergie "verte" en lieu et place de forêts anciennes a engrangé avis défavorables et mobilisations locales, mais le voilà mis à l’enquête publique... Baroud d’honneur ou dernière étape avant l’autorisation de défrichement de 51 ha et le permis de construire ?

Tout juste 2 mois après la dernière mobilisation sur le site et à Champagnole (La forêt gronde), le Préfet du Jura a lancé l’enquête publique unique pour autoriser le défrichement de 51 hectares de forêts anciennes et la construction d’un parc photovoltaïque à sa place.

Nous, collectif citoyen local, rappelons que l’urgence est de réduire nos consommations énergétiques (il n’y aura pas de transition sans sobriété), puis d’équiper nos toits et zones déjà artificialisées pour remplir les besoins décidés collectivement. Nous rappelons que les projets d’énergie renouvelable ne peuvent se faire sans les populations locales ni au détriment de la biodiversité ou de notre alimentation. Nous contestons l’approche économique et marketing des autorités et des développeurs, qui méconnaissent les cycles écologiques du carbone et de l’eau. Ils remettent en cause nos conditions de vie pour ajouter au mix énergétique une source d’énergie supplémentaire au profit d’industries mortifères, plutôt que de maîtriser leurs usages en période de pointe pour réduire les émissions de CO².

Ce lancement d’enquête se fait sur la base d’un dossier qui a déjà reçu 4 avis défavorables (MRAE, DDT, CDPENAF, ONF). Émanant d’un Préfet qui a affirmé aux élus locaux qu’il souhaitait débrancher les projets mal engagés pour permettre à ceux qui ne rencontraient pas d’opposition d’aller plus vite à leur terme, cette volonté de poursuivre malgré l’aberration du projet interroge...

Qui plus est, c’est le délai minimal d’enquête publique qui a été proposé, soit 30 jours, ou plus précisément 14 permanences d’une demie-journée réparties entre les deux communes. Cela laisse donc à peine 42 h aux citoyen-ne-s pour consulter l’ensemble des dossiers du projet et formuler leurs remarques. Inutile de préciser qu’il n’y a pas de réunion publique pour présenter ou expliquer les 39 documents totalisant 1 793 pages formulées dans un jargon technocratique bien rôdé. Pourtant, dans le résumé non technique comme dans toutes ces pièces, il manque bien des informations permettant de se faire un avis éclairé sur le projet et des garanties sur la mise en œuvre de ce qui est avancé.

Au sein du collectif qui regroupe habitant⋅e⋅s, associations et organisations locales, nous avons décidé de faire des observations lors de cette enquête. Nous voulons également nous assurer que le public soit informé de cette étape supplémentaire qu’est l’enquête publique, afin que les personnes puissent y participer si elles le souhaitent. En effet, nous contestons la prétendue concertation préalable affichée par Cévennes Energy. Il n’y a eu qu’une réunion publique en 2020, puis plus rien jusqu’à la signature par les maires des promesses de baux emphytéotiques, qui ressemblent à un chèque en blanc pour 55 ans au promoteur puis à l’entreprise qui rachètera le parc.

Nous ne sommes pas dupes quant à cette enquête publique. Sur un projet finalisé, il s’agit surtout de donner l’impression qu’il y a eu concertation des habitant⋅e⋅s, d’utiliser leur temps bénévole et leurs compétences pour corriger les multiples problèmes du dossier et ainsi éviter des recours. En fait, il s’agit surtout de disqualifier les oppositions futures et d’imposer ce projet contre lequel pourtant, 82 % des habitant⋅e⋅s se sont positionnés lors de notre sondage de juin 2022. Nous espérons que, tout comme les autres autorités qui ont eu à analyser attentivement ce dossier​​​​​​​, les commissaires-enquêteurs rendront un avis défavorable. Nous n’excluons cependant pas que le Préfet décide de passer outre.

Nous invitons donc celles et ceux qui le souhaitent à se manifester nombreux lors de cette phase d’enquête publique, mais surtout à nous rejoindre pour préparer les étapes suivantes. Le rapport d’enquête sera remis au Préfet le 7 novembre, celui-ci disposera de 2 mois pour refuser ou accorder l’autorisation de défrichement et le permis de construire.

Selon sa décision, viendra ensuite le temps des recours... et des mobilisations qui prendront différentes formes, toutes déterminées à protéger nos communs contre ce projet délétère !